JEU ET ENJEU DE LA SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE EN AFRIQUE

Autor: Ruffin Mika Mfitzsche

ÍNDICE

Introduction
1. Définition des termes
2. Contenu de la santé sexuelle et reproductive
2.1 Les services
2.2 Les droits  sexuels et reproductifs
3. Questions éthiques
4. Conclusion
Notas y Bibliografía

 

Introduction

La question de la santé sexuelle et reproductive, définie lors de la CIPD (Conférence Internationale sur la population et le développement) qui s'était tenue au Caire du 5 au 13 septembre 1994 (Programme d'action, 7.1-7.48), conformément aux idéaux de la post-modernité, pose un certain nombre de problèmes éthiques. On ne peut pas ne pas y réfléchir en profondeur, tant ils touchent aux éléments axiologiques qui fondent l'engagement de l'Eglise en faveur de la justice et de droits de l'homme. Il y va, en outre, non seulement de la finalité même de l'éthique dans sa dimension universelle, mais aussi et surtout de l'avenir de l'humanité en tout homme, c'est-à-dire du respect du principe d'humanité comme critère d'évaluation éthique de toutes les actions humaines sensées assurées l'humanisation ou l'humanitude de l'homme. Nous allons, pour nous en rendre compte, définir les différents termes, en préciser le contenu et énoncer les questions éthiques qui s'imposent, notamment les questions relatives au statut de l'embryon, à la stérilisation, au préservatif en tant que moyen prophylactique contre le sida et au sens et à la signification de la sexualité.

  1. Définition des termes

Le terme « santé de la reproduction » est une traduction littérale du terme anglais « reproductive health ». La définition adoptée par consensus, lors de la conférence du Caire (1994), à l'issue des discussions houleuses sur le contenu exact et les implications concrètes de l'expression, reste encore trop longue pour être sans ambiguïtés :

« par santé en matière de reproduction, on entend le bien-être général, tant physique que mental et social, de la personne humaine, pour tout ce qui concerne l'appareil génital, ses fonctions et son fonctionnement et non pas seulement l'absence de maladies ou d'infimités. Cela suppose donc qu'une personne peut mener une vie sexuelle satisfaisante en toute sécurité, qu'elle est capable de procréer et libre de le faire aussi souvent ou aussi peu souvent qu'elle le désire. Cette dernière condition implique qu'hommes et femmes ont le droit d'être informés et d'utiliser la méthode de planification familiale de leur choix, ainsi que d'autres méthodes de leur choix de régulation des naissances qui ne soient pas contraires à la loi, méthodes qui doivent être sûres, efficaces, abordables et acceptables, ainsi que le droit d'accéder à des services de santé qui permettent aux femmes de mener à bien grossesse et accouchement et donnent aux couples toutes les chances d'avoir un enfant en bonne santé. Il faut donc entendre par services de santé en matière de reproduction l'ensemble de méthodes, techniques et services qui contribuent à la santé et au bien-être en matière de procréation en prévenant et résolvant les problèmes qui peuvent se poser en ce domaine » (CIPD, 7.2).

Au vu de la pratique, retenons simplement que la santé de le reproduction est l'ensemble des mesures, services et droits, sensés assurés à chacun (adulte, jeune et adolescent) une vie sexuelle et reproductive satisfaisante, en toute liberté et sécurité. Il s'agit donc, selon les promoteurs de la santé sexuelle et reproductive, de pouvoir :

- mener une vie sexuelle libre (comme on le désire et quand on veut), satisfaisante et en toute sécurité : chacun a droit à une sexualité sans risques. Il doit pouvoir jouir librement, sans contrainte aucune, et en toute sécurité, de sa vie sexuelle. D'où la lutte contre les MST (notamment le sida), les violences sexuelles, l'excision, les grossesses non désirées, l'avortement à risque (clandestin) et tout ce qui peut inhiber un comportement sexuel ou restreindre le droit au plaisir sexuel.

- procréer librement (aussi souvent ou aussi peu souvent qu'on le désire) : chacun a droit d'être informé et d'utiliser librement des méthodes et des techniques contraceptives sûres, efficaces, abordables et acceptables (innocuité).

- mener à bien une grossesse et donner naissance à un enfant en bonne santé : aucune femme ne peut donc laisser une grossesse ou un accouchement mettre sa vie en danger. Ce droit à une maternité à moindre risque lui permet de recourir à l'avortement médical et aux méthodes contraceptives efficaces.

Comme tel, si la définition de la santé de la reproduction s'inscrit dans le cadre général de la définition de la santé énoncée par l'OMS lors de la Conférence d'Alma Ata en 1978[1], elle a la particularité d'insister sur l'aspect juridique de la gestion de la sexualité et de la reproduction, dans ce sens que l'accent est désormais mis sur la liberté sexuelle et la responsabilité individuelle en matière de sexualité et de reproduction, notamment quand il s'agit de l'identité sexuelle (hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, transsexuelle, …), de la modalité de la vie en couple ou de modes de constitution de la famille, du recours à la planification familiale et à l'avortement.

Pour en comprendre l'enjeu, considérons simplement la question de l'identité sexuelle. La Conférence du Caire en présentant le caractère polymorphe des modes actuels de constitution de couples (CIPD, 5.1), comme si par exemple les unions homosexuelles (homosexualité) pouvaient être une alternative aux unions hétérosexuelles (hétérosexualité), avait non seulement fait fi du temps et de l'espace, mais aussi légitimé la confusion des sexes ou des genres si particulière aux pays occidentaux. Depuis, sans parler de l'activisme du lobby homosexuel, les messages que distillent dans la conscience sociale les fictions télévisées, la publicité, les magazines et les manifestations homosexuelles à grand renfort médiatique (lesbian and gay pride, love parade, …) ont accordé à l'homosexualité une légitimité sociale inespérée, pire le statut d'une réalité sexuelle aussi qualitativement appréciable que l'hétérosexualité. Mais peut-on, au nom de la post-modernité, universaliser une errance aussi régressive et pulsionnelle sans finir par déboulonner la base même de ce qui fait la force de la société ? Dans les pays occidentaux, il est vrai, cette régression s'appuie d'un côté sur le principe d'autonomie individuelle nourrie par l'individualisme contemporain et de l'autre sur le chant de la libération sexuelle entonnée en mai 1968, « jouissez sans entraves », conformément aux idéaux de la société de consommation, et dont la frénésie continue d'empêcher la critique de toute forme de luxure ou de perversion sexuelle. S'il en est ainsi, c'est-à-dire si les pays occidentaux peuvent s'expliquer ce qui leur est arrivé, peut-on mondialiser, de façon indifférenciée, leur système de valeurs, fût-il prétentieusement dominant, sans qu'il soit tenu compte ni du cadre spatial, ni du contexte culturel particulier, ni du sens et de la signification de la sexualité ou de la réalité de sa signification dans les différentes cultures ? La question vaut la peine d'être posée quand on sait que cette histoire n'est pas, à proprement parler, celle de l'Afrique et d'autres régions du monde où le mode de la famille reste traditionnel ; quand on voit les dérives du processus d'acculturation de l'Afrique, devenue, jusqu'au ridicule, poubelle d'idées usagées ou dépassées (modes) et d'Ersatz nauséabonds de la morale occidentale en crise.

Il faut dire que l'acculturation est au cœur de prémices promotionnelles de la santé de la reproduction, dans la mesure où la stratégie de sa promotion, --- stratégie d'information, d'éducation et de communication (IEC) ---, s'appuie sur plusieurs « théories de diffusion des innovations » et vise avant tout à modifier les conditions structurelles ayant, à long terme, un impact sur les motivations, les attitudes socioculturelles et les comportements des individus afin qu'ils s'approprient et revendiquent eux-mêmes les droits sexuels et reproductifs comme une liberté fondamentale. C'est ainsi que la planification familiale est sortie du cadre purement sanitaire (PMI) et est désormais promue dans un cadre plus large de droits à l'autodétermination décisionnelle en matière de sexualité et de reproduction, notamment droit à la liberté de pensée et de conscience en matière de sexualité et de reproduction, y compris le droit à l'avortement.

Après la Conférence du Caire (septembre 994), le Sommet mondial pour le développement social de Copenhague (mars 1995) et la Quatrième Conférence mondiale des femmes à Beijing (septembre 1995), les conférences organisées ici et là pour célébrer le dixième anniversaire de la Conférence du Caire (Caire + 10) y sont revenu dans leurs objectifs en octroyant plus de droits sexuels et reproductifs encore à la femme et en poussant tous les gouvernements à mettre leur législation en conformité avec les résolutions des grandes Conférences internationales en matière de santé sexuelle et reproductive (cf. résolutions et programmes d'action adoptés au Caire, à Copenhague et à Beijing, réaffirmés en 1997 par la Haute Commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, devant être appliqués jusqu'en 2015). Pour ne parler que de pays africains francophones, c'est à la Commission Economique pour l'Afrique que l'Assemblée générale des Nations Unies avait confié la mission de suivre, d'évaluer et de mobiliser des ressources pour l'application des résolutions de la Conférence du Caire en Afrique sub-saharienne[2]. En 2001, cette Commission avait, par exemple, mobilisé 57 millions dollars (provenant de Pays-Bas, Suisse, Canada, Royaume-Uni, Suède, Belgique, Danemark, Norvège, Luxembourg, Fondation Bill Gates, Fonds des Nations-Unies pour les Partenariats internationaux). C'est sous la pression du FNUAP (Fonds des Nations unies pour la population), de l' OMS (Organisation Mondiale de la Santé), de l'IPPF (International Planned Parenthood Federation), de l'USAID (Agence internationale de développement des USA), de plusieurs ONG (Organisations Non Gouvernementales) néo-malthusiens et institutions internationales de coopération bilatérale et multilatérale qu'ils s'attèlent, depuis la Conférence de Cotonou en mars 1997, à éliminer, dans la plus grande indifférence de l'opinion publique, de l'intelligentsia africaine et de l'église catholique, toutes les restrictions d'ordre juridique, administratif, culturel et clinique relatifs aux informations et à l'accès aux services de santé sexuelle et reproductive. Beaucoup d'entre-eux, si pas tous, ont, par exemple, déjà aboli la loi de 1920 (31/7/1920) relative à la répression de la propagande de la pratique contraceptive et de l'incitation à l'avortement[3]. Ils l'ont remplacée par une autre, relative à la santé sexuelle et reproductive, plus favorable aux services de santé sexuelle et reproductive, y compris l'avortement. Ils n'hésitent plus, comme il leur est sans cesse demandé, de défendre et de promouvoir « publiquement et avec constance et fermeté la fourniture et l'utilisation de services de PF et de santé en matière de reproduction » (CIPD, 7. 21). C'est, leur dit-on, pour réduire la pauvreté, promouvoir un développement durable et une croissance économique soutenue, une sexualité responsable et résoudre l'épineux problème de maternités précoces et tardives, de grossesses non désirées et d'avortements à risque, de mortalité maternelle et de maladies sexuellement transmissibles.

Aujourd'hui, il n'y a plus d'institutions interrégionales africaines qui ne soient engagées par le FNUAP, l'OMS et la Banque mondiale à défendre la cause de la santé sexuelle et reproductive. L'Union africaine, le Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), la Commission pour l'Afrique lancée par Tony Blair en mars 2005, …croient pouvoir ainsi maîtriser le taux de croissance démographique, assurer la croissance économique, lutter contre la pauvreté, la pandémie du VIH/Sida et le sous-développement chronique du continent, malgré les résultats non probants des recherches démographiques concernant les différentes corrélations. Le NEPAD travaille désormais en synergie avec le FNUAP, au point de ne n'être plus qu'une boite de résonance des thèses néo-malthusiennes du FNUAP quant en ce qui concerne les droits sexuels et reproductifs, l'égalité des genres et les stratégies antinatalistes. La Déclaration du Millénaire adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies à New York le 13 septembre 2000 par 191 gouvernements n'est pas en reste[4]. Non seulement qu'elle reprend à son compte les priorités de la Conférence du Caire (1994), de Copenhague (1995) et de Beijing (1995), mais elle porte la santé sexuelle et reproductive comme une des priorités conditionnelles pour l'égalité des genres et le développement durable.

Tout semble donc aller de soi et ne poser aucun problème, ni épistémologique (par rapport à la vérité des assertions avancées et de corrélations établies), ni éthique (par rapport au respect de la vie et de la dignité de la personne humaine), ni juridique (par rapport à l'interdiction de l'avortement), ni idéologique (par rapport aux options socioculturelles). Le risque pour l'Afrique en général, et les chrétiens en particulier, de souscrire sans le savoir aux objectifs cachés de cette idéologie manipulatrice et vectrice de la culture de mort et de libertinage sexuel, est pour ainsi dire réel. C'est d'autant plus vrai que les stratégies onusiennes de partenariat avec les médias, la société civile et les structures dites informelles, particulièrement les institutions religieuses et interconfessionnelles, connaissent un essor inespéré (beaucoup d'institutions médicales religieuses sont partenaires de l'USAID, du FNUAP et de plusieurs ONG promotrices de la santé sexuelle et reproductive. Il ne manque pas non plus d'agents pastoraux qui collaborent avec ces institutions néo-malthusiennes). Pour pouvoir, tant soit peu, limiter les dégâts, il faut préciser le contenu exact de la santé sexuelle et reproductive, dévoiler les implications éthico-pratiques et indiquer les véritables enjeux.

  1. Contenu de la santé sexuelle et reproductive

Conformément à la définition consensuelle adoptée par les 180 délégations présentes au Caire en septembre 1994, la santé sexuelle et reproductive est un ensemble de services et de droits en matière de procréation (CIPD, 7.2-7.26).

2.1 Les services

Il s'agit de services ayant trait à l'information, à l'éducation et au counseling sur la sexualité, les méthodes modernes de planification familiale, l'avortement, la prévention des MST, y compris le VIH/Sida, et autres affections de l'appareil génital, … (CIPD, 7.12-7.33). En pratique, l'essentiel de financement concerne les méthodes modernes de planification familiale et, il y a peu de temps, le VIH/Sida et la lutte contre les mutilations sexuelles féminines. Pourquoi ?

Premièrement, du point de vue démographique, la prévalence contraceptive est, de toutes les variables en relation avec les niveaux et les tendances de la fécondité, la variable la plus significativement corrélée avec la baisse des taux moyens de fécondité[5]. Même l'impact du développement socio-économique (cf. théorie socio-économique de la fécondité) ou les déterminants idéationnels (montée du libéralisme, matérialisme, individualisme), à l'origine de la situation démographique post-transitionnelle des pays développés, n'a de poids réel que médiatisé par les services efficaces de planification familiale. Il en est de même des pays en développement qui ont achevé leur parcours transitionnel (Thaïlande) ou qui sont en situation post-transitionnelle (Singapour, Corée du Sud).

Deuxièmement, du point de vue économique, financer les méthodes efficaces de planification familiale et l'avortement sans risque pour réduire, par exemple, le taux de morbidité et de mortalité maternelle ou infanto-juvénile est de loin moins coûteux, et rapidement plus rentable, que de financer un grand nombre de services socio-médicaux. Pour s'en apercevoir, on peut comparer le coût du financement de la planification familiale (information, distribution des contraceptifs, pose des stérilets et d'implants, stérilisations) avec le coût de la construction ou de la rénovation des infrastructures sanitaires, leur dotation en matériels et produits, la formation d'un personnel qualifié en obstétrique, la gestion et la supervision de l'ensemble du système hospitalier et d'assurer l'amélioration de l'état nutritionnel des femmes enceintes.

Mais, sur quoi se fonde l'efficacité pratique des méthodes modernes de planification familiale pour pouvoir baisser si rapidement les niveaux de fécondité (ramenant le nombre d'enfants par femme dans le monde de 6 dans les années soixante à moins de trois aujourd'hui), empêcher les grossesses non désirées et réduire l'incidence des grossesses et des avortements à risque élevé ? Pour répondre aisément à cette question, il faut décomposer l'ensemble des méthodes modernes de planification familiale et les classer suivant leur mode d'action.

? Distinguons les méthodes hormonales de méthodes non hormonales. Les premières comprennent les contraceptifs oraux et injectables, les contraceptifs transdermiques/patch oestro-progestatifs, les implants oestro-progestatifs sous-dermiques, la pilule du lendemain, la RU 486 et le vaccin anti-grossesse. Les secondes sont composées de la stérilisation masculine et féminine et d'un ensemble de dispositifs intra-utérins, sous forme de stérilets et de barrières sensées empêchées les spermatozoïdes de remonter la filière génitale féminine (préservatif, capes cervicales, spermicides, …).

? Quant au mode d'action des unes et des autres, il est bien connu de médecins :

? Pour ce qui concerne les méthodes hormonales, mise à part la pilule séquentielle, pilule de la première génération et réellement anovulatoire, retirée du marché à cause de ses effets secondaires dangereux et de sa moindre efficacité, toutes les autres méthodes sont essentiellement anti-nidatoires (mini-pilules, implants sous-dermiques, injectables, patch oestro-progestatifs, RU 486, pilule du lendemain, vaccin anti-grossesse). En effet, faiblement dosées en oestro-progestatifs, et ne pouvant pas totalement maîtriser l'activité ovarienne, leur action se porte surtout sur la nidation qu'elle rend impossible. Autrement dit, leur efficacité ne repose que sur leur capacité de rendre l'endomètre impropre à la nidation. Prenons la pilule du lendemain (utilisée en « contraception d'urgence »). Composée seulement d'une forte dose de progestatifs ou d'oestrogènes ou encore d'anti-progestérones, elle rend la nidation impossible et provoque ainsi un avortement ultra-précoce. C'est pour cela qu'elle est prise en situation post-coïtale. Le vaccin anti-grossesse (anti-HCG, hormone qui signale la présence de l'embryon au système endocrinien de la mère et anti-TBA, anti-trophoblaste, anticorps contre le trophoblaste càd l'embryon dans les premières phases de son développement) est un cas à part, pour la simple raison qu'il ne s'agit pas du tout d'un vaccin : ni par rapport à la grossesse qui n'est pas une maladie, ni par rapport à son action car il n'immunise pas mais induit un avortement ultra-précoce dès le stade de 4 à 8 cellules du blastocyte[6].

.

? Pour ce qui concerne les méthodes non hormonales, si la stérilisation touche à la question du respect du principe de l'intégrité corporelle, si l'on discute encore de l'efficacité du préservatif en matière de protection contre le VIH/Sida, le stérilet est connu pour sa capacité à tenir la muqueuse utérine dans un état inflammatoire permanent et à rendre, par contractions, infections chroniques, production d'anti-corps ou modification chimique et atrophie notable de l'utérus, l'implantation de l'embryon impossible. Ainsi donc, même si l'ensemble des mécanismes d'action du stérilet est fort complexe et mal élucidé, il reste avant tout un moyen hautement abortif.

Il se voit clairement que l'efficacité de toutes les méthodes hormonales repose essentiellement sur leur effet anti-nidatoire, c'est-à-dire un mécanisme abortif ultra-précoce. Comme tel, il s'agit bien moins de méthodes contraceptives (contre-la-conception) que de méthodes contragestives (contre-la-gestation)[7]. Il en est de même du stérilet. Non seulement il est dangereux pour la santé de la femme (infections, inflammation des trompes, hémorragies, perforation de l'utérus, crampes vaginales, …)[8], il est un moyen exclusivement abortif. Il crée un environnement défavorable à l'implantation. Le taux de progestérone qu'il porte étant trop faible pour empêcher l'ovulation, son efficacité se repose sur l'inflammation de l'utérus. Son action est strictement anti-nidatoire, donc abortive.

Pour nous faire une idée de l'usage de différents moyens modernes de planification familiale dans le monde, de risques de santé que prennent les femmes et du massacre silencieux des millions d'enfants à naître dans le sein de leurs mères que beaucoup de ces moyens réalisent (en plus de plus de 31 millions avortement légaux annuels)(31 millions en 1987)(EV, n° 58), prenons le tableau comparatif du nombre des couples dans le monde qui en ont eu recours en 1998 (en million) :

 

Monde

Total/Pdvlp

Total/Psdvlp

Afrique

Caraïbes

Asie +0c

Total

Stérilisa/F

Stérilisa/M

Pilules

Injectables

Stérilets

Préservat.

Barrières

550

180

41

78

16

120

43

5

125

16

9

30

1

11

24

4

425

164

32

48

15

110

18

1

21

2

0

8

2

5

1

0

48

20

1

11

2

5

3

0

355

142

31

29

11

100

15

1

 

Source: United Nations, Levels and Trends of contraceptive Use As assessed in 1998, New York, United Nations, 2000

il apparaît que la stérilisation féminine, une méthode définitive et de plus radicale, est la méthode la plus utilisée (180 millions dont 164 millions dans les pays en développement contre 16 millions dans les pays développés, avec des taux très élevés en Chine, Inde, Thaïlande et dans les pays des Caraïbes/40 % des femmes de 15 à 49 ans de Porto-Rico et de la Rép. Dominicaine, 20 % des mexicaines), suivi du stérilet (120 millions dont 110 millions dans les pays en développement contre 11 millions dans les pays développés). Il faut dire que ces méthodes (stérilisation et stérilets) sont celles qui avaient été recommandées en son temps par la Conférence de Mexico en 1984 (Recommandation 25, 27-33 et 35) et que plusieurs plans nationaux de planning familial ont popularisé. Depuis la Conférence du Caire (1994), tous les efforts se concentrent sur l'Afrique, la seule région où les méthodes définitives (stérilisation féminine et vasectomie) n'ont pas globalement beaucoup de succès et où, à part quelques pays (Kenya, Zimbabwe, Botswana, Afrique du sud), la prévalence contraceptive est faible et l'indice synthétique de fécondité le plus élevé du monde, malgré l'amorce de la baisse de la fécondité.

Mais peut-on, au nom de la maîtrise de la croissance démographique et de l'urgence de baisser le taux élevé de grossesses précoces et tardives, de mortalité maternelle ou de faire face aux grossesses non désirées et à l'avortement à risque, promouvoir n'importe quel moyen de limitation des naissances, notamment les moyens abortifs ? Autrement dit, peut-on combattre l'avortement (clandestin) par l'avortement (médical) ? Nous y reviendrons en dégageant les enjeux éthiques et théologiques de la santé sexuelle et reproductive. Définissons maintenant le deuxième élément composant de la santé sexuelle et reproductive (les droits reproductifs).

2.2 Les droits  sexuels et reproductifs

Réfléchir sur ces droits est d'autant plus nécessaire qu'ils sont interprétés au sein de la communauté internationale, depuis la Conférence du Caire/1994, le Sommet mondial pour le développement social/Copenhague 1995, la Quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes/Beijing 1995, l'adoption de la Charte de l'IPPF sur les droits en matière de sexualité et de reproduction/Londres 1995 et la déclaration de la Haute Commissaire des Nations unies/New York 1997 aux droits de l'homme, comme faisant partie intégrante de l'ensemble de droits inaliénables et universels de la personne (droits de l'homme). Par ailleurs, c'est en tant que « droits de l'homme » que le FNUAP, l'IPPF, la CEDAW (Convention contre toutes formes de discrimination contre les femmes), le WEDO (Women's Environment and development Organization) et plusieurs ONG néo-malthusienne s'y appuient pour exiger la levée de tous les obstacles à la prestation de services de santé sexuelle et reproductive, y compris l'avortement, et pour en ouvrir l'accès à tous, c'est-à-dire aux couples, aux célibataires, aux adolescents et à toute personne en situation de violence sexuelle portant un risque de grossesse (viol, situation de guerre).

Cela est conforme à l'idéologie féministe occidentale, lancée au début du 20ème siècle par des figures de proue telles que Margaret Sanger (1879-1966) et Simone de Beauvoir (1908-1986). Selon cette idéologie, il faut libérer la femme de l'esclavage de la reproduction (maternité comme esclavage)[9]. Afin qu'elle possède son corps, en jouisse librement et contrôle sa vie, il faut qu'elle ait les moyens de choisir librement d'être mère ou non, de refuser l'enfant non désiré. Les droits sexuels et reproductifs ne sont pour ainsi dire rien d'autre que la mondialisation de l'idéologie féministe et de la révolution sexuelle occidentales dont les principes pragmatiques sont le « libre choix » et l'« accès libre » :

- « accès libre » aux informations et aux services de santé sexuelle et reproductive afin de pouvoir choisir. L'accès est, dans ce sens, la première condition du libre choix. Il faut avoir accès à … pour pouvoir se déterminer. D'où les efforts d'offre des services de santé sexuelle et reproductive les plus divers et à tous, d'ici 2015, en toute confidentialité et sans distinction d'âge ni de statut matrimonial.

- « libre choix » ou « liberté absolue de choix » dans les domaines sexuels et reproductifs, qu'il s'agisse du choix de conjoint, de l'orientation et de la pratique sexuelle, ou qu'il s'agisse de se marier ou non, d'avoir ou non d'enfants, d'en fixer le nombre, le moment et l'espacement.

Il faut dire que le principe du « libre choix » ou de la « liberté absolue de choix » est aujourd'hui la boîte de pandore dans laquelle les nouveaux droits prennent naissance pour répondre à la variabilité des choix individuels en matière de sexualité et de reproduction. Définis souvent de manière consensuelle, à partir de concepts flous et ambivalents (gender, maternité sans risques, avortement sans risque, familles sous toutes ses formes, nouveaux types d'organisation familiale, …), après de discussions houleuses et partisanes sur leur sens et leurs implications concrètes, ces droits finissent rapidement par s'imposer comme faisant partie inaliénable, intégrale et indivisible de l'ensemble des droits fondamentaux de la personne humaine, et donc, par devenir culturellement, et voire juridiquement, contraignants.

Pour l'histoire, le principe du « libre choix » avait été défini lors de la Conférence internationale sur les droits de l'homme qui avait eu lieu à Téhéran en 1968, et précisé en détail en 1974 lors de la Conférence de Bucarest :

« tout couple et tout individu a le droit fondamental de décider librement et en toute responsabilité du nombre de ses enfants et de l'espacement des naissances, d'être suffisamment instruit et informé de ces questions et de bénéficier de services adéquats en la matière » (cf. Plan d'Action/Bucarest, principe 14, &f).

La particularité des Conférences du Caire/1994 et du Beijing/1995 est non seulement de l'avoir, dans le cadre du contrôle de la population mondiale, placé au cœur de la santé sexuelle et reproductive et indiqué que toute indifférence y afférent était cause de problèmes tels que la violence, la mortalité maternelle, les grossesses d'adolescentes, la croissance démographique, la féminisation de la pauvreté, les ravages du VIH/Sida et la violation des droits de la personne et de sa dignité, mais aussi appliqué aussi bien aux couples qu'aux individus, notamment les adolescents (CIPD, 7.41-7.48)

Du point de vue éthique, le principe du « libre choix » remonte très loin et se comprend en rapport avec l'histoire philosophique de la nouvelle éthique mondiale, que l'on peut qualifier d'éthique de la déconstruction : caractéristique de la post-modernité, initiée par la « Critique de la raison pure » de Kant (1781), structurée et vulgarisée par l'existentialisme athée de J.-P. Sartre (cf. L'Etre et le Néant) et de S. de Beauvoir (cf. Le deuxième sexe), elle est conséquente du fait qu'il n'y a plus de don-né (immutable et immuable), que rien n'est donné d'emblée (par la nature ou la révélation divine), que tout est « construction sociale », peut donc être « dé-construit » et « re-construit » autrement, selon les exigences consensuelles du moment ou les choix arbitraires de l'individu ou de la société[10]. Pour comprendre les enjeux de cette nouvelle « theoria », à l'origine du déclin des cosmologies antiques et initiatrice de la méthode fondamentale de la science moderne (méthode expérimentale) et de la philosophie contemporaine (existentialisme athée), il faut considérer les conséquences au plan pratique, et elles sont considérables. Prenons la question de l'orientation sexuelle : dans la mesure où il n'y a plus de modèle ou d'a priori, tous les choix deviennent possibles. Toutes les réalités sexuelles, subjectives, partielles et autres se retrouvent d'égale valeur sociale, psychologique et morale. De l'hétérosexualité à la zoosexualité, en passant par l'homosexualité, la bisexualité, le lesbianisme et le transsexualisme, il n'est plus question de différence entre ce qui est de l'ordre de l'identité sexuelle objective et universelle et ce qui n'est qu'une régression pulsionnelle. C'est désormais du pareil au même. Le concept de « familles sous toutes ses formes », introduit lors de la Conférence du Caire (1994), comme le combat actuel dans les pays occidentaux pour le mariage des homosexuels sous un statut juridique égal ou proche de celui du mariage hétérosexuel, est tributaire de cette logique.

Il faut dire que l'éthique de l'homme moderne (né du siècle des lumières), devenu « la mesure de toute chose », est une éthique de l'équivalence de tous les choix, du primat de la subjectivité sur l'objectivité, et donc du relativisme moral. Ce que la post-modernité a, au nom de la recherche de la vérité (sur base du doute cartésien), renchérit dès le milieu du XIXème siècle en poussant la déconstruction des utopies morales à proclamer la mort de Dieu, après voir balayé l'héritage de l'humanisme des lumières (la réalité des idéaux, d'un certain nombre des valeurs transcendantes)(cf. F. Nietzsche, S. Freud, K. Marx ; lire surtout F. Nietzsche, Ecce HomoPar-delà le bien et le mal, Le crépuscule des idoles de F. Nietzsche).

Il n'y pas d'illusion à se faire. La logique vaudrait que l'éthique mondiale, fille aînée de la post-modernité selon M. A Peeters[11], soit tout autant post-chrétienne que contre les valeurs familiales : en effet, en proclamant la mort de Dieu, elle récuse non seulement tous les idéaux de la morale et de la religion, mais aussi ceux de la famille traditionnelle. Pour preuve l'ensemble des droits sexuels et reproductifs dont les principes avaient été clairement énoncés au Caire en 1994 (CIPD, 7.1-7.48) et que l'IPPF avait repris à son compte en 1995, résumés en 12 droits et traduits en services pour garantir leur applicabilité et efficacité sur le terrain. Ils s'opposent point par point aux 12 articles de la Charte des Droits de la Famille chrétienne définie par le Pape Jean-Paul II le 22 octobre 1983, conformément au vœu formulé par le Synode des Evêques sur « Le rôle de la famille chrétienne dans le monde moderne » en 1980 (cf. Proposition 42), repris en 1981 dans l'exhortation apostolique Familiaris Consortio (n° 46). Dans la mesure où l'IPPF est l'organisation la plus importante sur le plan mondial en matière de planification familiale, dans la mesure où elle dit avoir rendu explicite l'ensemble de droits sexuels et reproductifs implicites dans les quatre Conférences clés des Nations Unies qui ont eu lieu entre 1993 (Vienne/sur les droits de l'homme) et 1995 (Caire/sur la population et le développement en1994, Copenhague/sur le développement sociale en1995 et Beijing/sur les femmes en 1995)(cf. Préambule de sa Charte), nous allons simplement expliciter ce que recouvrent concrètement ces droits, et tels qu'ils sont définis et commentés dans la Charte (dans l'attente de les confronter prochainement aux droits de la Charte de la famille chrétienne)[12] :

? droit à la vie/à la survie : droit à la maternité sans risque, c'est-à-dire de recourir à l'avortement sans risque et aux méthodes contraceptives pour éviter les grossesses à risque important de mortalité maternelle ou de morbidité maternelle et infantile (grossesses considérées comme trop précoces, trop tardives, trop rapprochées et trop nombreuses) (ce droit oppose la mère à l'enfant et bafoue le droit à la vie de l'enfant à naître).

? droit à la liberté et à la sécurité de la personne : droit de jouir librement de sa vie sexuelle, de vivre sa sexualité comme on l'entend, y compris se stériliser, à la seule condition de ne pas exercer une quelconque pression ou contrainte sur un tiers. D'où la lutte contre les croyances, mythes et tous les facteurs psychologiques qui inhibent le comportement sexuel et empêchent d'une façon ou d'une autre de prendre plaisir aux relations sexuelles ; d'où l'abrogation des lois qui criminalisent la contraception, la stérilisation volontaire et l'avortement, exigent le consentement du mari ou des parents en matière de contraception, de stérilisation ou d'avortement (ce droit fausse non seulement le sens et la signification de la liberté sexuelle et de la sexualité, mais aussi de la parenté responsable).

? droit à l'égalité et d'être libre de toutes formes de discrimination fondée sur l'âge, le sexe, un quelconque handicap physique ou mental et sur l'orientation sexuelle, notamment à l'égard des homosexuels et en matière d'accès aux services de santé sexuelle et reproductive. L'accès aux informations, à l'éducation et à ces services ne peut pas être réservé aux seules femmes mariées ou dépendre du consentement du mari et des parents quand il s'agit des adolescentes (ce droit ramène l'homosexualité au niveau de l'hétérosexualité, comme si c'était du pareil au même, usurpe le droit des parents d'assurer l'éducation sexuelle de leurs enfants et établit les aux relations sexuelles pour les personnes souffrant d'un grand handicap mental ou physique ).

? droit au respect de la vie privée : droit à la confidentialité au sujet d'informations, de conseils et de services de santé sexuelle et reproductive, d'orientation sexuelle et d'avortement pour tous les couples et tous les individus, particulièrement pour les jeunes. Pas d'interférence des parents dans l'éducation des enfants et des maris dans la vie de leurs épouses (ce droit est contre la responsabilité des parents vis-à-vis de leurs enfants et le sens de la conjugalité, notamment en matière sexuelle et de régulation des naissances).

? droit à la liberté de pensée : libre interprétation des textes religieux, philosophiques ou culturels relatifs à la sexualité ou pouvant restreindre la liberté sexuelle. Toute idée ou option restrictive d'avortement, d'expression libre et d'accès à l'éducation et à l'information en matière sexuelle et reproductive est proscrite. Les professionnels de la santé n'ont pas le droit d'invoquer l'objection de conscience s'il y a urgence et si la cliente ne peut bénéficier de ces services ailleurs (ce droit pousse à une sexualisation agressive de la société. Il initie une liberté sexuelle proche du libertinage et porte atteinte à la conscience en l'amenant à accomplir des actes qu'elle désapprouve).

? droit à l'information et à l'éducationlibre de tout stéréotype et sexisme : droit aux jeunes et à toute personne adulte d'accéder aux informations et aux conseils relatifs aux services et droits en matière de santé sexuelle et reproductive, notamment à un très large éventail de méthodes abortives et techniques contraceptives efficaces afin de prévenir les grossesses non désirées. D'où la campagne contre les obstacles et autres interdictions faites aux jeunes de bénéficier de l'éducation sexuelle et des informations relatives à la maternité sans risque (ce droit fait du plaisir sexuel ou de la jouissance sexuelle une exécutoire pour tous, y compris pour les adolescents).

? droit de choisir ou non de se marier et de fonder et de planifier une famille : droit pour tout individu nubile de se marier ou non, de fonder une famille ou non, d'accéder librement aux services de santé sexuelle et reproductive, y compris la prévention contre les MST et le Sida. Il permet l'organisation des campagnes contre les grossesses forcées, c'est-à-dire leur continuation, même là où l'avortement est illégal (ce droit banalise l'avortement et les atteintes contre le droit à la vie de l'enfant à naître).

? droit de décider d'avoir ou non des enfants : droit de décider du nombre d'enfants et du moment de les avoir ou de leur espacement, donc d'accès à la maternité sans risque, à l'avortement sûr et à la gamme la plus vaste possible de méthodes sûres, fiables et efficaces de planification familiale, chacun selon sa convenance, jusqu'à l'adoption des enfants par les couples homosexuels et lesbiens (c'est un droit à l'homoparentalité et à l'avortement, quelles que soient les raisons).

? droit aux soins de santé et à la protection de la santé : droit de bénéficier des services les plus perfectionnés pour jouir du meilleur état de santé physique et mentale qu'il soit possible d'atteindre. Il s'agit de l'accès sans restriction et en toute confidentialité à la gamme complète des méthodes de régulation de la fécondité dont l'avortement sûr et le traitement de l'infécondité, des MST, y compris le sida (c'est un droit à l'avortement).

? droit de bénéficier des progrès de la science en matière de santé sexuelle et reproductive : droit aux nouvelles techniques sûres et efficaces de contraception et d'avortement et aux informations quant à leurs effets nuisibles sur la santé et le bien-être (c'est un droit à l'avortement banalisé par les moyens de plus en plus simples et efficaces).

? droits relatifs la liberté de réunion et d'appartenance politique : droit de s'assembler, de former une association qui travaille à la promotion des services et droits en matière sexuelle et qui cherche à pousser les gouvernements à promouvoir les droits sexuels et reproductifs (ce droit permet en fait de créer des groupes de pression favorables à la banalisation de la stérilisation, de la contraception et de l'avortement et des associations pouvant combattre celles qui rament contre le courant IPPF et les droits en matière de santé sexuelle et reproductive).

? Droit de ne subir ni torture ni traitements inhumains ou dégradants : droit de ne subir aucune contrainte, physique ou morale, d'être sexuellement exploité à des fins de prostitution ou de spectacle ou soumis à des tests à caractère médical ou portant sur les méthodes sûres et efficaces de planification familiale (ce droit défend plus le principe de consentement libre et informé en matière sexuelle que la protection des enfants contre l'exploitation sexuelle).

Il se voit que la santé sexuelle et reproductive est une idéologie. Elle n'est pas, comme telle, sans poser un certain nombre de questions éthiques et théologiques relatives au respect de la vie, à la parenté responsable, au sens et à la signification de la sexualité et à la théologie de la création de l'homme et de la femme.

  1. Questions éthiques

Lors de la Conférence du Caire (1994) et de la Conférence de Beijing (1995), les échanges de vues ont souvent été tendues et les discussions houleuses. Nous l'avons dit. Les représentants de plusieurs pays se sont souvent affrontés sur le sens et les implications éthiques des concepts en jeu, car enjeux il y a, notamment en ce qui concerne le respect de la vie et de la dignité de toute personne humaine, comme de valeurs socioculturelles à l'origine de normes comportementales en matière de sexualité et de reproduction. La recherche du consensus n'étant pas fondée sur l'affirmation de la vérité des assertions ou des propositions, mais plutôt sur un accord minimum suivant lequel chaque partie s'engage à transiger afin de permettre la mise en œuvre du programme d'action, il n'est pas surprenant que l'on continue de se poser des questions.

* il y a d'abord les questions que nous nous sommes déjà posées concernant l'avortement, quelle que soit sa forme (chimique, mécanique ou médical) : « peut-on, au nom de la maîtrise de la croissance démographique et de l'urgence de baisser le taux élevé de grossesses précoces et tardives, de mortalité maternelle ou de faire face aux grossesses non désirées et à l'avortement à risque, promouvoir les moyens abortifs ultra-précoces » ? Considérant qu'un droit est toujours l'expression valable de l'universel, « la forme que prend l'universel pour la collectivité », l'avortement peut-il être réclamé comme un droit « inaliénable, intégrale et indivisible de l'ensemble des droits de l'homme » ou un droit pour toute femme en âge de procréer qui en exprimerait le besoin, dans le cas d'un enfant non désiré, d'un viol, d'un échec de la contraception ? Lors de Conférences internationales en matière de population (Bucarest/1974, Mexico/1984 et Caire/1994), les controverses autour de l'avortement ont toujours été houleuses en raison de réticences éthiques de certains états voyant dans l'avortement la violation du premier de tous les droits (le droit à la vie), et craignant que l'avortement ne devienne un moyen de régulation des naissances comme un autre[13]. Certes, les discussions ne sont jamais allées jusqu'à débattre du statut de l'embryon humain comme on le voit en bioéthique, mais n'est-ce pas bien de cela qu'il s'agit ? En effet, même si l'embryon n'est au départ qu'un ensemble de quelques cellules, donc loin de la figure humaine toute réalisée, cet ensemble des cellules est en lien biologique avec la personne qu'il est, qu'il est en devenir, qu'il deviendra. C'est d'autant plus évident qu'il ne constitue qu'une des multiples étapes successives que toute personne a connues et dont non seulement son être présent au monde est profondément et définitivement marqué, mais aussi son être futur, suivant les exigences téléologiques de sa structure ontologique. Bref, à cause de sa similitude ontologique radicale avec la personne, l'embryon devait être considéré comme « autrui » et bénéficier des droits dévolus à « autrui » par l'éthique : respect inconditionnel de sa vie, de son intégrité physique, de sa liberté. Sans trop nous étendre, nous soutenons que c'est l'humanité, c'est-à-dire le fait d'appartenir à l'espèce humaine, qui est le critère d'attribution du statut de la personne et de l'inconditionnalité du respect de la vie qui est la sienne et du droit à la dignité qu'on doit lui reconnaître.

Remarque : en Afrique, la question du statut de l'embryon en appelle deux autres : la première est juridique, car à l'exception de l'Afrique du sud et du Cap Vert, partout l'avortement reste criminalisé. La seconde est socio-anthropologique, dans ce sens que l'enfant à naître est filon par lequel circule la force vitale qui vient des ancêtres. Porter atteinte à sa vie, c'est non seulement se prendre pour l'auteur de la vie (Dieu), c'est aussi mettre au défi les ancêtres. Bref, on ne peut se résoudre à l'avortement sans tomber dans une impasse existentielle irréversible.

* il y a ensuite des questions relatives à la stérilisation, au préservatif en tant que moyen prophylactique contre le sida et des questions relatives au sens et à la signification de la sexualité :

- strictement parlant, la stérilisation n'est pas un moyen contraceptif, même si les instances internationales de planning familial la considèrent comme tel, même si elle est le moyen le plus utilisé dans le monde. Un moyen contraceptif est d'ordinaire réversible. Ce qui n'est pas son cas. Ceci dit, peut-on, au nom de la parenté responsable, quand on a comblé le désir d'enfants, décider de sceller à jamais les fonctions reproductives ? Dans plusieurs pays, l'évaluation éthique qui règlemente cette pratique se base sur un ensemble de critères d'ordre démographique (âge, nombre d'accouchements, âge du dernier enfant), médico-psychologique (pathologies médicales) et philosophique (liberté individuelle). Du côté du magistère, depuis le pape Pie XII, en vertu du principe de totalité, elle n'est moralement acceptable que si elle est indirecte, que si elle est conséquence d'un acte médical nécessaire à la santé de la personne (nécessité thérapeutique impérieuse), que si et si seulement l'indication médicale est catégorique (hystérectomie, cas d'urgence extrême, à l'exemple d'une hémorragie cataclysmique suite à une césarienne), que si et si seulement la stérilité qui en résulte n'a pas été le but poursuivi comme il en est dans le cas de la stérilisation directe[14]. Autrement dit, la stérilisation à but contraceptif n'est pas morale car elle reste une mutilation qui ne peut être laissée à la liberté individuelle. Non pas seulement parce qu'elle s'attaque directement à l'intangibilité de l'intégrité physique de la personne, aliène de façon définitive les déterminations virtuelles de la personne en tant qu'être générateur et met en danger la survie de l'espèce, mais aussi et surtout parce qu'elle s'attaque à la dimension anthropologique de l'individu d'être au monde comme être sexué et procréateur. Par ailleurs, le corps comme expression de l'être-en-situation-dans-le-monde a une dimension socio-anthropologique qui le sort de catégories de l'usus et de l'abusus.

- quand au recours au préservatif pour se préserver du sida[15], aujourd'hui, plusieurs études sont formelles : le préservatif n'est nullement le « safe sex » ( le sexe sans risque) dont on vante les mérites ; il n'offre pas une protection sans faille, n'élimine pas totalement le risque d'etre contaminé ou de contaminer autrui, parce qu'il n'est pas fiable à 100 %[16]. Les études scientifiques sélectionnées sur la question expliquent cela par l'écart qu'il y a entre l'efficacité théorique (préservatif de bonne qualité, correctement et systématiquement utilisé) et l'efficacité pratique (conditions concrètes difficiles)[17]. On ne peut pas ne pas, donc, dénoncer l'illusion et le mensonge des promoteurs inconditionnels du préservatif. Pour ne parler que de l'Afrique sub-saharienne, vu que les conditions de conservation (chaleur, humidité, …), de contrôle de la qualité, de distribution et d'usage des préservatifs sont médiocres, il n'y a pas de doute qu'ils sont généralement de très mauvaise qualité (efficacité théorique), comme la plupart des produits de première nécessité destinés à l'Afrique[18]. Il n'y a qu'à prendre les préservatifs qui sont distribués sur les places publiques et dans les établissements scolaires, aussi bien primaires que secondaires, lors des manifestations ludiques ou ceux qui sont vendus à un prix modique par les petits commerçants ambulants ou aux marchés, sur les trottoirs et aux carrefours de grands artères de différentes villes, sans considération de la date de péremption ni de critères pour une bonne conservation, pour se rendre compte de la lourde responsabilité des Etats africains eux-mêmes dans la propagation de l'épidémie quand ils « laissent déverser sur le continent des préservatifs dont ils ne peuvent pas toujours contrôler eux-mêmes la qualité »[19], quand ils permettent et soutiennent la publicité mensongère en une matière de vie et de mort, laissent n'importe quel petit commerçant, quelle ONG ou Association de marketing et de promotion des préservatifs distribuer ou vendre des milliers des préservatifs connus pour leur mauvaise qualité, et donc des produits qui amènent les gens non prévenus de la mauvaise qualité des préservatifs à flirter avec la mort.

Pratiquement, au-delà de conditions pratiques, éthiques et psychologiques difficiles de son usage, le préservatif reste un moyen faussement rassurant, un compromis « trompeur », dans la mesure où il peut glisser, éclater ou se déchirer pendant l'acte (3,6 % pour les préservatifs neufs de bonne qualité ; 18,6 % pour les préservatifs vieux de quelques années); il peut être mal utilisé (pas facile de respecter les 7 règles de son bon usage. L'insistance actuelle sur l'adverbe correctement et l'adjectif bonne, bonne qualité le sous-entend). Il en est de même du préservatif féminin dont la commodité d'emploi en Afrique reste problématique. Ce n'est pas tout. La promotion exclusive et intensive du préservatif banalise non seulement l'acte sexuel, revient non seulement à la promotion de l'amour au rabais et donc de la prostitution ((avec les prostituées, les multiples partenaires occasionnels, ...), mais elle porte en son revers un effet démobilisateur pernicieux : les gens qui ont un comportement à risques en viennent rapidement à sous-estimer l'obligation de se contrôler et le risque mortel qu'ils prennent à chaque rapport sexuel, fut-il protégé. Même là où l'on croit devoir y recourir dans une situation précise ou dans un cas d'urgence extrême (pour parer au pire dit-on), comme un dernier sursaut de responsabilité pour diminuer quelque peu les risques d'être contaminé ou de contaminer, quand on ne peut objectivement s'abstenir ni rester fidèle, il vient à n'être que l'expédient qui libère de la peur de la mort et encourage à se laisser à l'impulsivité sexuelle, au laxisme sexuel à tout va et au « multi-partenariat » sexuel simultané à l'origine de la propagation fulgurante de l'effroyable épidémie. En effet, en n'étant, au mieux, que relativement efficace, dans ce sens qu'il réduit le risque sans l'anéantir, il diffuse le VIH partout où son usage est encouragé. Il le fait de façon subreptice : d'un côté, en faisant croire à une efficacité qu'il ne peut assurer, et de l'autre, en ne faisant pas la promotion du changement radical de comportement en matière sexuelle quant au choix des partenaires. Ce n'est pas par hasard que partout en Afrique où le préservatif a fait l'objet d'une promotion exclusive et intensive, a été massivement distribué, sans prise en compte de facteurs déterminants de la propagation rapide du VIH, la prévalence du Sida augmente en flèche. "Des données internes provenant d'une organisation non gouvernementale, PSI (Population services International), le plus grand vendeur américain de préservatifs dans le monde", le confirment : "l'accroissement de la vente de préservatifs au cours du temps a coïncidé avec l'accroissement de la prévalence du VIH dans des pays africains tels que le Botswana et le Cameroun"[20]. A cette liste, il faut ajouter l'Afrique du Sud, le Swaziland et le Zimbabwe. "Au Botswana, 34% des femmes enceintes, et 44% au Swaziland, sont contaminées par le VIH. A ces taux, même les services mieux organisés ne pourront peut-être gérer le nombre croissant de personnes qui seront séropositives, puis atteintes du sida et des maladies qu'il engendre dans les années à venir"[21]. La raison de l'échec des programmes nationaux de prévention et des actions des centaines d'ONG qui travaillent sur le Sida, et donc de la progression de l'épidémie malgré les campagnes de sensibilisation et plus de 1,33 milliards d'euros de subventions couvrant 150 programmes dans 93 pays (60 % en Afrique), ne serait-elle pas dans la promotion massive et exclusive du préservatif comme un moyen sûr de se protéger du Sida ? A l'idée du ravage de la pandémie et du désastre attendu (conséquences démographiques et socio-économiques tragiques), on est en droit de se poser sérieusement cette question, déjà posée par S. Leclerc-Madlala, une anthropologue sud-africaine, très critique vis-à-vis du choix du préservatif par le programme national de son pays[22]. C'est sur la base de cette vérité, difficile à admettre pour l'oligarchie du Sida, que E. Green, alors directeur du Programme de recherche sur la prévention du sida à Havard (USA), avait donné raison au pape Benoît XVI lorsqu'il avait déclaré le 17 mars 2009, lors de son voyage au Cameroun, que le Sida ne pouvait "être éliminé simplement en distribuant des préservatifs, mais au contraire nous risquons de l'aggraver". Selon lui, le pape avait raison, parce qu'il est vrai que "l'augmentation du taux d'utilisation du préservatif va de pair avec une augmentation du taux de contamination"[23]. Pour comprendre, prenons le cas de quelqu'un qui a un comportement à risque : n'est-ce pas qu'il lui est difficile de se contrôler quant il se sait protéger ? Pour les jeunes, le « tout préservatif » les a souvent amenés à vivre leur sexualité sous le régime de la satisfaction pulsionnelle, donc à avoir des relations sexuelles très tot et à haut risques de contamination (avec plusieurs partenaires), au lieu d'apprendre à patienter le désir, de lui donner le temps de se structurer et de s'élaborer psychologiquement en vue d'un engagement responsable et respectueux de soi et de l'autre.

Comme le pape Benoît XVI l'avait dit, on ne peut réduire les programmes de prévention du Sida à la promotion du préservatif sans édulcorer le sens et la signification de la sexualité et favoriser la propagation de l'épidémie que l'on croit combattre. Il est à craindre que l'accent trop hygiéniste ou technique des efforts actuels rappelle juste l'histoire du pompier pyromane qui se démène à éteindre le feu qu'il a allumé, soit de bonne foi (croyant bien faire et n'avoir que d'intentions humanitaires), soit par ignorance (croyant à la qualité et à l'utilisation correcte du préservatif), soit par insouciance idéologique (liberté absolue de choix en matière sexuelle, équivalence de tous les choix moraux), soit par appât de gain (gros intérêts commerciaux/en faisant de la mort un produit de commerce et d'enrichissement personnel comme un autre, vu les sommes colossales d'argent en jeu[24]). Pour enrayer l'épidémie et sauver l'avenir, ne faudrait-il pas rechercher le changement de comportements sexuels, notamment en évitant des relations sexuelles occasionnelles, en diminuant sensiblement le nombre de partenaires, en vivant l'abstinence avant le mariage et la fidélité dans le mariage ? Pourquoi ne recommande-t-on pas le changement de comportement comme on le fait pour le tabac, l'obésité et l'alcool à l'origine de problèmes graves de santé publique ? Pour beaucoup d'Africains, le choix de l'abstinence et de la fidélité est bien possible et réaliste[25], tant l'infidélité conjugale a toujours été vivement désapprouvée et les traditions africaines ont toujours fait de l'abstinence sexuelle avant le mariage une valeur éducative à la maîtrise de soi en toute circonstance. Aujourd'hui, la question se pose de plus en plus en rapport avec le principe du moindre mal. Le principe est clair : quand pour réaliser une valeur, toutes les options impliquent simultanément un mal inévitable, quand on violerait un devoir moral quelque soit le parti pris, au point qu'il soit impossible de réaliser le bien sans commettre le mal, au point qu'il soit impossible de réaliser le bien sans commettre un mal ou éviter le mal sans omettre un bien, on choisit l'option qui cause moins de mal, c'est-à-dire un mal moindre. Donc, dans un cas de dilemme irréductible entre plusieurs valeurs, il faut s'engager à réduire au minimum le mal. Bref, on peut tolérer une pratique dont on connaît par ailleurs la négativité, à condition que le bénéfice pour l'homme soit, en proportion, un véritable bien, ait des effets réellement positifs. Par rapport au recours au préservatif comme moyen prophylactique, la question du moindre mal est d'autant plus dramatique qu'elle ne peut être tranchée que dans la quête difficile de la vérité (informations objectives), du changement de comportement et du choix de la vie (appel à la responsabilité individuelle, à l'urgence de changement de comportement sexuel à risque responsable de la propagation de l'épidémie, notamment le libertinage sexuel). C'est en somme un problème de responsabilité morale, d'une part vis-à-vis de la vie à soi (à sauvegarder), et d'autre part vis-à-vis de la vie d'autrui (à protéger conformément à la règle d'or de charité : ne pas faire à autrui ce qu'on redoute soi-même). Par rapport à la gravité de la situation (forte probabilité d'être contaminé ou de contaminer autrui), non seulement le dilemme n'est pas vraiment strict, pour la simple raison que la gravité est disproportionnée, mais on ne peut choisir le préservatif comme moindre mal sachant qu'il est d'une efficacité chimérique[26], au mieux relative, et qu'il comporte par conséquent un risque très grave pour la vie. C'est une absurdité que de risquer porter atteinte à une valeur fondamentale (sa vie à soi ou celle d'autrui) au profit d'une valeur relative (plaisir sexuel ou assouvissement pulsionnel), que d'exposer sa vie ou la vie d'autrui à un risque si grave pour jouir d'un bien incertain et évanescent. Il n'est pas rationnellement éthique, en comparant le bénéfice et les risques prévisibles, de ne pas respecter l'ordre des valeurs et de prendre un risque si disproportionné.

Ce choix, bien entendu, n'est pas facile, surtout quand on est prisonnier d'un mode de vie pulsionnel, on se croit incapable de tempérance et d'une attitude sapientielle ouverte sur le vrai bien. On peut, en effet, être lourdement conditionné, suite à des inclinations négatives ou à un ensemble de conditionnements intérieurs et extérieurs qui réduisent fortement la capacité d'évaluation de la raison et la liberté d'agir selon la vérité objective, et à cause de cela, choisir le contraire de son vrai bien ou de celui d'autrui, confondre le bien et le mal, prendre celui-ci pour celui-là. Il reste que ces circonstances n'annulent en rien les exigences de la moralité quand il s'agit d'indiquer la norme de comportement qui convient pour sauvegarder sa vie à soi et celle d'autrui, le vrai bien de la personne et le vrai sens de la sexualité. On ne peut pas, pour ainsi dire, proposer simplement à celui qui se croit incapable de vivre la chasteté, la fidélité ou l'abstinence de prendre le préservatif, sachant que le préservatif ne protège son usager que de façon relative ou incertaine. Plutôt que de le tenir a priori en « piètre estime », et de lui présenter faussement le préservatif comme un moindre mal (un mal moindre), on devrait lui dire la vérité (lui donner l'information objective), l'inviter avant tout à s'autodéterminer avec prudence. Même s'il devait agir contre la vérité, en prenant pour vrai et juste ce qui ne l'est pas, qu'il le fasse de façon responsable, c'est-à-dire après avoir évalué (rem ponderare, peser la chose) le bien en question : l'obligation qui lui est faite d'agir selon sa conscience (après l'avoir éclairée) est d'autant plus contraignante que le bien en cause est le premier des biens, la vie ; condition même de l'exercice de la liberté de choix.

- la liberté sexuelle initiée par la santé sexuelle et reproductive fait non seulement l'éloge du libertinage sexuel (permissivité sexuelle), mais aussi et surtout de la libre expression de la sexualité : comme et quand on veut, avec qui veut (homme, femme, adolescent, du même sexe ou pas, …). On peut être aussi bien homosexuel, bisexuel, hétérosexuel, transsexuel, lesbienne, nécrophile que zoophile. L'important est de jouir et de sacrifier aux injonctions sociales d'une société devenue aphrodisiaque et à la solde d'une idéologie sexuelle libertaire et hédoniste, conforme au chant de la libération sexuelle entonnée en mai 1968, « jouissez sans entrave », et qui a fait de l'acte sexuel une simple exécutoire pour le loisir (caractère ludique). Il s'agit en somme d'un pansexualisme débridé qui, depuis la Conférence du Caire (1994), se décline en terme de droit : droit pour chacun de choisir librement son orientation sexuelle et de jouir de son corps ou de son sexe, comme il l'entend, au-delà de tout tabou, de tout critère moral et de toute responsabilité. Comme nous l'avons dit, ce droit découle du principe du libre choix, plus que jamais, encore une fois, à la solde d'une éthique utilitariste, hédoniste, individualiste et libertaire (absolutisation de la liberté sexuelle sans autre critère que la jouissance immédiate). Ceci dit, qu'on n'oublie pas que la sexualité a une logique interne et un sens qui font qu'elle est avant tout de l'ordre de la relation à l'autre et non du seul besoin du jouir. En effet, sa finalité est fondamentalement interrelationnelle et interpersonnelle. Autrement dit, elle n'est vraiment humaine que si elle s'inscrit dans un mouvement qui va du purement sexuel à l'anthropologique, que si elle est un chemin d'humanisation, une reconnaissance de l'autre comme personne avec qui on a à réaliser l'indicible promesse de l'amour[27]. C'est ce qui se comprend quand on lit Mt 19, 4-6 (parallèle Mc 10, 6-9, en écho à Gn 2, 18-23). Si elle est réduite à la pulsion primitive, tournée en priorité vers la jouissance érotique comme un passe-temps frivole, elle devient idolâtre. L'autre perd sa dimension de personne. Il n'est plus qu'un objet érotique palpitant. C'est dire qu'une certaine pratique de la sexualité, notamment la sexualité idolâtrique ou extatique initiée par la santé sexuelle et reproductive (en ce qu'elle est recherche frénétique de l'extase pour l'extase, du plaisir égoïste, cf. sa perspective exclusivement pulsionnelle et hédoniste), entraîne bien plus à l'esclavage de soi et de l'autre qu'à la réalisation de l'humanité. Pour bien mesurer le risque d'une telle dérive, considérons la problématique de l'homosexualité :

- l'homosexualité est une question difficile au sujet de laquelle les vécus, les avis et les regards sont souvent différents et varient selon les lieux ou les idéologies sociales régnantes. Le jugement social est pour ainsi dire fort surdéterminé, et c'est lui qui fait que la question de l'homosexualité se pose ou ne se pose pas, que les homosexuels sont marginalisés ou tolérés ou méprisés et persécutés, qu'il est difficile de porter un jugement serein. Par rapport à la référence théologique, les choses sont claires : l'homosexualité est globalement désapprouvée, considérée comme une inclination sexuelle « objectivement désordonnée », pire une grave perversion (sens freudien), une abomination (Lv 18, 22 et 29 ; 20, 13 ; Is 3, 9 ), « une grave dépravation (Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27, « un péché contre nature ». En effet, dans la mesure où la sexualité trouve son sens dans l'altérité et ne permet un épanouissement de valeur que dans l'union entre un homme et une femme (Gn 1, 26s), et que l'amour conjugal est appelé par son dynamisme interne à la procréation (Gn 2, 28), l'homosexualité comme quête du même (complaisance de soi) ne peut se comparer à la quête du différent qu'est l'hétérosexualité (complémentarité). Elle n'est pas « une variante de la vie affective et génitale », une forme de sexualité comme une autre. Elle ne peut donc être traitée de la même façon que l'hétérosexualité, ni comme une alternative au mariage entre un homme et une femme. Comme tel, elle s'oppose formellement au projet de la création de Dieu (G 2, 24 ; Mt 19, 6 ; Mc 10, 9). L'appréciation négative de St Paul est à ce sujet sans équivoque (1Co 6, 9 ; 7, 6-20 ; Rm 1, 26s ; 1, 32 ; 1Tm 1,8), comme celle du Magistère universel de l'Eglise catholique[28]. Par rapport à l'idéologie socioculturelle africaine, la question ne se pose pas dans les mêmes termes que dans les pays occidentaux. Ici, l'homosexualité a acquis une légitimité sociale inespérée. Elle s'affiche dans les médias, défile dans les rues au rythme des tambours, se célèbre comme un droit dans les mairies et favorisé par plusieurs offices du tourisme en mal de rentabilité financière et qui cherchent à bénéficier de 4 milliards de dollars que les touristes homosexuels dépensent par an. Elle est de plus en plus tolérée par le grand public et le politique comme « une alternative » à l'hétérosexualité, un vécu amoureux à égalité de valeur affective et de signification anthropologique, au point que les deux (hétérosexualité et homosexualité) sont en passe de bénéficier du même régime juridique et de mêmes droits matrimoniaux (mariage, adoption d'enfants, …). C'est comme tel que beaucoup de pays occidentaux sont en passe de l'inscrire (s'ils ne l'ont déjà fait) dans leur droit constitutionnel, oubliant que c'est une chose de faire respecter les droits des personnes homosexuelles à la dignité, au travail, au logement, comme pour toute personne, et que c'en est une autre de faire de l'homosexualité un droit et un modèle social d'égale valeur psychologique et morale que l'hétérosexualité. Le combat légitime pour une égalité des droits ne peut donner lieu à une confusion des repères ou à une confusion morale.

Bref, même si la Charte des droits en matière de sexualité et de reproduction redéfinie par l'IPPF et appliquée aujourd'hui dans tous les pays du monde va dans ce sens (droits 3 &1 ; 4 &3 ; 5 &1)[29], il reste que tous les pays n'en sont pas là. L'Afrique sub-saharienne, malgré l'offensive des milieux homosexuels qui cherchent à y visibiliser l'homosexualité[30], considère que l'homosexualité est une perversion ou un vice inacceptable. Certains africains, bien plus nombreux que ne le disent les médias, vont jusqu'à la considérer comme « un produit d'importation » d'Europe ou d'Amérique, une des expressions des « valeurs sexuelles décadentes », pire « une tare blanche qui ne s'applique pas aux africains »[31]. On connaît la réaction de l'Archevêque anglican de Lagos lors de l'ordination épiscopale d'un évêque homosexuel en juin 2003 aux Etats-Unis : « les africains ont bien assez de soucis – les guerres, le sida ou la pauvreté – pour ne pas avoir à tolérer cette 'abomination' qu'est l'homosexualité »[32]. Ce n'est pas qu'il n'y ait pas des personnes homosexuelles ou que des africains n'aient pas de tendances homosexuelles, mais que l'homosexualité est un interdit fondateur. Même si elle est quelque peu tolérée ici et là dans certaines grandes villes, notamment de l'Afrique du Sud, personne ne la considère comme une pratique sexuelle à promouvoir pour l'épanouissement personnel, ni pour humaniser la sexualité et construire un modèle de relation sociale et de valeur pour les sujets et la société. Elle ne peut jamais donner lieu à un modèle familial tout aussi référentiel que le modèle traditionnel. Si homophobie il y a, elle se comprend aussi par rapport à la place accordée à la famille et à la fécondité dans la construction du sujet.

Au regard de tout ceci, une évidence : si on ne refuse pas dès maintenant d'absolutiser la liberté individuelle sans autre critère que le plaisir de jouir, si on ne cesse pas de jeter le discrédit sur tout ce qui en matière sexuelle contraint, interdit ou limite la liberté individuelle, comme l'enseigne la santé sexuelle et reproductive, il est à craindre que les pratiques sexuelles s'individualisent loin de tout critère d'objectivité et de progrès moral. Alors, il faudra s'attendre à la banalisation des atteintes contre la vie de l'enfant à naître, la dignité de la femme en tant que mère, le mariage et la famille. Un discernement s'impose donc.

  1. Conclusion

Il est plus qu'urgent d'aller au-delà du langage consensuel qui crédibilise la santé sexuelle et reproductive, de dénoncer ses objectifs néo-malthusiens et amoraux, de montrer comment, si on s'y laisse naïvement, les conséquences pratiques attendues emporteront les valeurs et les repères éthiques qui permettent à la culture africaine de sauvegarder sa spécificité malgré les pressions de la mondialisation. Par ailleurs, les chrétiens doivent savoir que l'éthique de la santé sexuelle et reproductive, basée sur le « libre choix », est non seulement post-moderne, mais aussi post-chrétienne. Elle est une grave menace pour le personnalisme chrétien.

Notas y Bibliografia

[1] « La santé est l'état de complet bien-être physique, mental et social, et non pas simplement l'absence de maladie ou d'infirmité ». Ainsi, pour l'OMS, « la santé de la reproduction n'est pas considérée uniquement comme une absence de maladie ou de trouble dans le processus reproductif, mais plutôt comme une condition par laquelle ce processus s'accomplit dans un état de complet bien-être physique, mental et social. Cela implique que les individus aient la possibilité de se reproduire, que les femmes puissent mener à bien leur grossesse et accoucher sans risques et que la reproduction ait une issue heureuse (survie des enfants et croissance satisfaisante). Cela signifie aussi que les individus soient capables de réguler leur fécondité et d'avoir une sexualité sans danger » , lire M. F. Fathalla, « Reproductive health in the world : two decades of progress and the challenge ahead », in J. Khanna, P. F. A. Van Look and P. D. Griffin, eds, Reproductive health : a key to a brighter future, Biennial report 1990-1991, Special 20th anniversary issue, Geneva, World Health Organisation, 1992, p. 3-31.

[2] La Commission économique pour l'Afrique est une commission du Conseil économique et social des Nations Unies chargée de l'Afrique. C'est à elle que l'Assemblée générale des Nations Unies a confié depuis 1994 la supervision de la mise en œuvre du Programme d'action de la CIPD, y compris CIPD+10, cf. www.uneca.org/POPIA/ICPD+10/doc/AideMemoire_Fr.htm

[3] La loi dite de 1920 est la première loi française nataliste. Elle fut initiée, après la première guerre mondiale (1914-1918) par l'Alliance nationale française pour l'accroissement de la population et votée le 31 juillet 1920 pour favoriser la reprise de la natalité. Elle a réprimé l'avortement et la propagande anticonceptionnelle. Son application avait été étendue à toutes les colonies françaises qui l'ont gardée, même après leurs indépendances, dans leurs codes législatifs. En France, elle est restée en vigueur jusqu'en 1967, date du vote de loi Neuwirth autorisant la prescription des produits contraceptifs, et jusqu'en 1975 quand en ce qui concerne la répression de l'avortement et de sa prise en charge par la sécurité sociale. Notez qu'elle avait été votée pour les intérêts démographiques de la France, et supprimée quand il n'y avait plus d'enjeu (la fécondité étant remontée depuis 1943). Quand aux Etats de l'Afrique francophones, anciennes colonies françaises pour la plupart ou belges pour d'autres, ils ont, jusqu'à la Conférence du Caire (1994) et de Beijing (1995), et conformément à leur culture du respect de la vie de l'enfant à naître, soit conservé l'intégralité de cette loi, soit l'ont remplacée par des dispositions pénales plus répressives. Même s'il est vrai que cette loi n'avait pas toujours été appliquée quant en ce qui concerne la propagande anticonceptionnelle, elle l'est encore en matière d'avortement. Autrement dit, partout en Afrique, l'avortement reste juridiquement un crime. On ne peut donc souscrire, pire se conformer, aux traités, conventions, pactes et chartes juridiques internationaux promoteurs d'une façon ou d'une autre de l'avortement.

[4] La déclaration du Millénaire est une résolution en 8 points adoptée le 8 septembre 2000 par l'Assemblée Générale des Nations Unies pour réduire de moitié la population mondiale, assurer le développement durable et éliminer la pauvreté d'ici 2015.

[5] L'âge au mariage et à la première naissance durée d'allaitement maternel, durée d'abstinence et d'insusceptibilité post-partum, intervalle inter-génésique, modernisation socio-économique/développement économique, urbanisation, statut professionnel de la femme, coûts économiques élevés de l'éducation des enfants, niveau d'instruction de la femme, …La relation des variables socio-économiques et socio-médicales avec le niveau de la fécondité, par exemple, est plus curvilinéaire que linéaire et n'est manifeste qu'au bout d'un certain temps. Ce qui n'est pas le cas de la prévalence contraceptive. Lire M. Loriaux, « Les systèmes : bons à tout ou bons à rien ? », in M. Loriaux, édit., Populations et développements : une approche globale et systémique, Louvain-La-Neuve/Paris, Academia-Bruylant/L'Harmattan, 2005, p. 38.

[6] Selon le docteur M. Martinez, il a été inventé « avec pour application immédiate le planning familial des pays du tiers-monde pour qui les principales méthodes contraceptives modernes et fiables (pilules et stérilets) ne sont pas toujours adaptées », cf. son article « bientôt un vaccin anti-grossesse », Figaro, 21/6/1998, p. 13. Comment s'y prendrait-on ? Selon le docteur O. Naudin, les experts e l'OMS projettent « de coupler ce vaccin anti-grossesse à d'autres vaccins protecteurs contre le tétanos, la diphtérie, le choléra, par exemple, ces dernières protections faisant cruellement défaut dans les pays en voie de développement », in La Croix L'événement, 6/12/1986, p. 17.

[7] Jean-Paul II, Encyclique Evangelium vitae, n° 13 ; M. Schooyans, « L'action abortive de la contraception », Familia et vita, n° 1-2, Anno IX, 2004, p. 200-204 ; lire E. Sgreccia, Manuel de bioéthique. Les fondements de l'éthique biomédicale, Paris, Mame-Edifa, 2004, p. 506-507 ; J. Wilks, « Contraception pré-implantatoire et contraception d'urgence », in Conseil Pontifical pour la Famille, Lexique des termes ambigus et controversés sur la famille, la vie et les questions éthiques, Paris, Téqui, 2005, p. 167-184 ; M. L. Di Pietro, « La contragestion », in ibid., p. 185-192.

[8] Lire R. Mika Mfitzsche, Enjeux éthiques de la régulation des naissances. Sexualité, fécondité, développement, LLN, Actuel, 1998p. 73-74

[9] A en croire M. A. Peeters, cette idéologie est à l'origine du « cataclysme anthropologique » à l'origine de la ruine des valeurs de la famille traditionnelle, notamment en faisant passer de « la culture de la famille aux couples, de l'époux au partenaire, de la personne à l'individu, de l'amour-don à la recherche égoïste de soi, du bonheur au plaisir, de la gratuité à la possession, de la conscience morale et de l'autorité au choix autonome et à l'expérimentation individuelle », M. A. Peeters, La mondialisation de la révolution féministes occidentale. Concepts-clés, mécanismes opérationnels, Institute for Intercultural Dialogue Dynamics, 2004, p. 2.

[10] M. A. Peeters, op. cit., p. 2 ; L. Ferry, Apprendre à vivre. Traité de philosophie à l'usage des jeunes générations, Paris, Plon, 2006, p. 116s

[11] M. A. Peeters, op. cit., p. 5

[12] Cf. Fédération Internationale pour la Planification Familiale, Charte de l'IPPF sur les droits en matière de sexualité et de reproduction, Vision 2000, Londres, IPPF, 1996.

[13] R. L.-M. Mika Mfitzsche, Ethique et démographie dans les documents des Conférences épiscopales des cinq continents (1950-2000), Paris, L'Harmattan, 2008, p. 356.

[14] Cf. Pie XII, « Discours aux médecins neurologues », D.C., t. 49, 1952, n° 1131, p. 1228. Pour plus de renseignements sur la position du magistère catholique, lire P. Verspieren, Biologie, médecine et éthique. Textes du magistère catholique (Dossiers de la D.C.), Paris, Centurion, 1987 ; voire index alphabétique/stérilisation ; lire aussi D. Tettamanzi (Cardinal), Donner la vie : à quel prix ?, Paris, Salvator, 2004, p. 95-97.

[15] Nous ne discutons pas ici du recours au préservatif comme moyen de régulation des naissances. A ce sujet, au-delà de la question de l'efficacité, aussi bien théorique que pratique, le préservatif reste un signe manifeste d'une contradiction réductrice de la valeur même de l'acte sexuel comme don et accueil de l'autre dans sa plénitude masculine ou féminine. Il en est de même du coït interrompu et de toute autre barrière érigée entre partenaires. On ne peut se préserver, refuser de donner ou de recevoir au même moment où l'on est sensé se donner et accueillir l'autre. Ce n'est pas par hasard que cela est très souvent source de frustration et d'insatisfaction sexuelles et est à l'origine de perte de désir et de manque de plaisir. Lire R. Mika Mfitzsche, Enjeux Ethiques de la régulation des naissances en Afriqueop. cit. p. 64.

[16] Lire E. C. Green, Rethinking AIDS Prevention : Learning from Successes in Developping Countries, cit. par J. De Irala et M. Hanley, L'amour face au Sida, Paris, Edit. De l'œuvre, 2011, p. 68-69 ; J. Suaudeau, « Sexualité sans risques », in Conseil Pontifical pour la famille, in Conseil Pontifical pour la Famille, op. cit. p. 905-927 ; A. Lopez Trujillo, J. Suaudeau et R. Mika Mfitzsche, Le préservatif en procès. Les bases scientifiques et morales pour l'enseignement de l'Eglise catholique sur la prévention des maladies, Front Royal/Virginia, Human Live International, 2007.

[17]J. De Irala et M. Hanley, op. cit., p. 69.

[18] « … l'Afrique est la poubelle de l'Europe. Elle y déverse ses surplus usagés, usines polluantes, idées périnées, …», a écrit justement O. Vallet, un écrivain français, dans le Journal catholique La Croix du 17/11/2003, p. 27.

[19] N.Y. Soede, Ed., Santé et développement. Défis du VIH/Sida et Evangélisation en Afrique au 3ème millénaire, Abidjan, Edit. Ucao, 2003, p. 87.

[20] J. De Irala et M. Hanley, op. cit., p. 101.

[21] Ibid., p. 28.

[22] Ibid., 54-55.

[23] Ibid., p. 99.

[24] J. De Irala et M. Hanley, op. cit., p. 16, 49, 44 et 102 ; B. Bujo, « Quelle morale pour le problème du sida en Afrique », in AJAN (The african Jesuit AIDS Network), Sida en Afrique : Que pense l'Eglise ?, Abidjan, Les Editions du CERAP, 2006, p. 87.

[25] En Afrique traditionnelle, l'abstinence sexuelle avant le mariage et post-partum s'intègre dans un ensemble d'obligations et d'interdits qui ne concernent pas que la sexualité. En effet, assurée dès la puberté par les tabous et les codes sociaux, elle est coextensive à toute la vie et s'y inscrit comme vœux de réalisation de soi, d'accomplissement personnel ou collectif ou de communion avec la divinité. C'est ainsi qu'elle sera observée à la veille d'une cérémonie rituelle, d'une affaire importante, notamment lors d'une palabre, divination, funérailles, chasse, pêche, festivals, comme obéissance religieuse quant il ne faut pas manger du porc, boire de l'alcool, ne pas fumer, ne pas manger la viande de son totem, ne pas travailler tel jour dans la semaine.

[26] J. Suaudeau, « Sexualité sans risques », in Conseil Pontifical pour la famille, op. cit., p. 905-926.

[27] Conseil Pontifical pour la Famille, Vérité et signification de la sexualité humaine. Des orientations pour l'éducation en famille, Paris, Téqui, 1995 ; Congrégation pour l'éducation catholique, Orientations éducatives sur l'amour humain, Paris, Tequi, 1983.

[28] Cf. Table de la Documentation catholique sur l'homosexualité ; voire particulièrement Congrégation pour la doctrine de la foi, « La pastorale à l'égard des personnes homosexuelles », Lettre aux évêques de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, DC, 1986, n° 1930, p. 1160-1164.

[29] IPPF, Charte de l'IPPF sur les droits en matière de sexualité et de reproduction, Vision 2000, IPPF, Londres, 1996.

[30] Cf. Jeune Afrique/L'Intelligent, n° 2330, du 4 au 10 septembre 2005, p. 32-40 ; Jeune Afrique, n°2673, du 1er au 7 avril 2012, p. 36-37.

[31] Jeune Afrique/L'Intelligent, p. 33-34.

[32] Ibid., p. 34.

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Mfitzsche, Ruffin Mika, JEU ET ENJEU DE LA SANTÉ SEXUELLE ET REPRODUCTIVE EN AFRIQUE, en García, José Juan (director): Enciclopedia de Bioética.

Última modificación: Monday, 6 de July de 2020, 12:53